Le Groupe de travail Approches Régionales de la Paix s’est réuni le 23 juin et le 7 juillet derniers. Ces réunions ont été l’occasion de poursuivre les discussions du groupe à travers les interventions d’Alejandro Mojica (doctorant en Histoire à l’Université Nationale de Colombie et membre du Centre de pensée Pluralizar la Paz de la même université) et de Renato Athias (professeur d’anthropologie à l’Université Fédérale du Pernambuco au Brésil).
L’intervention d’Alejandro Mojica a mis en lumière le travail du Centre de pensée Pluralizar la Paz sur l’enrichissement de l’enseignement pour la paix en Colombie à travers l’écriture d’un document de politiques publiques qui propose de penser la paix comme un processus constant de médiation de la conflictualité politique. Le document avance que la paix n’est pas un synonyme de l’arrivée à un état idyllique, elle est au contraire une situation imparfaite qui cherche à transformer la conflictualité politique. Cette intervention ouvre des pistes intéressantes pour penser la dimension pédagogique du travail du groupe sur le « Glossaire des sens pluriels de la Paix » et sur ses réflexions autour des médiations muséales. Cet aspect pédagogique est également au cœur de la lutte non-violente d’Abdourahman Gouelleh et du RADDE dans le Djibouti qui nous a été présentée le 6 juin dernier et qui nous a permis d’enrichir le glossaire à travers de pratiques concrètes déployées dans le terrain.
Avec son intervention intitulée « Objets et êtres vivants des Amérindiens du Rio Negro (Brésil) dans les musées – Thèmes et problèmes du rapatriement », Renato Athias a abordé les enjeux liés à la gestion des collections muséales européennes portant sur les peuples autochtones. Ces collections exposent des objets rituels extraits de leurs cultures d’origine par des voyageurs, missionnaires et ethnographes. Dans les collections muséographiques, les objets sont présentés à travers de pratiques et de récits déconnectés du sens que les peuples autochtones leur accordent ce qui revient à mettre de côté la complexité de leurs systèmes de connaissance et ontologies.
Athias propose qu’au lieu d’un rapatriement des objets dans leurs territoires et cultures d’origines s’engage une réflexion sur la co-gestion des collections muséales. Cela permettrait de redonner un sens à ces objets rituels en reconnaissant que les cultures autochtones sont en constante transformation et réinvention. La co-gestion des collections muséales serait aussi une manière de reconnaître les crimes contre les peuples autochtones et de participer à la construction de nouvelles configurations politiques.
L’intervention d’Athias s’inscrit dans la volonté du Groupe de Travail et du Centre de pensée Pluralizar la Paz de poursuivre un travail sur les sens pluriels de la paix à travers des dialogues interculturels avec des peuples autochtones qui met en lumière leurs apports à l’heure de penser le concept de paix et pointe vers une réflexion autour des enjeux des politiques de protection de la culture matérielle et immatérielle des communautés amérindiennes.
Si vous souhaitez intégrer les discussions du Groupe de Travail, merci d’envoyer un mail à Laura Lema Silva à coordination@institutpourlapaix.org