Organisateur

Institut Pour la Paix

Lieu

En ligne
Catégorie
Institut pour la paix

Date

30 Jan 2025

Heure

17h00 - 19h00

Luttes féministes et solidaires des femmes turques et kurdes : une histoire invisible ? Buket Türkmen

Le 30 Janvier 2025, de 17h00 à 19h00, le groupe de travail « Genre et Paix » se rencontrera à nouveau dans le cadre du séminaire de recherche virtuel, Genrer la construction de la paix : l’apport des épistémologies féministes. A cette occasion, Pr. Buket Türkmen, présentera son travail sur l’évolution des modes de résistance et plus spécifiquement sur la modification du langage de la résistance adopté par les femmes issues de groupes activistes et de réseaux de solidarité émergents lors, puis dans la foulée, de la révolte de Gezi en juin 2013[1].

En juin 2013, un mouvement de résistance éclate pour s’opposer à la destruction du parc Gezi à Istanbul. Rapidement, cette mobilisation, se propage dans toutes les villes de Turquie. Les femmes y jouent un rôle central, portant la question féminine au cœur de toute contestation sociale[2]. Elles redéfinissent le langage et les répertoires d’action des mouvements mixtes, interviennent contre les politiques de « désagriculture » pour la réinsertion économique des femmes paysannes et mènent des protestations contre les politiques urbaines qui marginalisent les femmes. Dans les villes Kurdes du Pays, les femmes se distinguent également en initiant des actions de paix face aux politiques de guerre du gouvernement.  Malgré les attaques visant à affaiblir les réseaux de solidarité entre les acteurs de l’ouest et ceux des villes et villages kurdes, des organisations comme l’Initiative des Femmes pour la Paix (BIKG), le Forum des Femmes de Yogurtçu Parkı et plusieurs groupes de femmes indépendants ont continué à jouer un rôle majeur d’actrices pour la paix.

Cet activisme a été suivi en parallèle pendant la période post-Gezi par la création de réseaux de « résistances discrètes » regroupant des collectifs de solidarité horizontaux axés sur l’alimentation, la santé et l’écologie, présents tant dans l’ouest que dans l’est de la Turquie.  Contrairement à d’autres acteurs qui ont déserté l’espace public face à l’intensification de l’autoritarisme après 2013, ces femmes ont poursuivi leur engagement. Elles ont mené des résistances locales résolues, en particulier pendant les périodes de conflits intenses entre 2015 et 2016.

Cette continuité et cette adaptabilité font de l’implication des femmes dans ces mobilisations un objet d’étude essentiel pour comprendre les dynamiques de résistance sous un régime autoritaire.

 

A propos de l’intervenante :

Buket Türkmen est Maîtresse de Conférences et Professeure chercheuse à l’Université de Galatasaray à Istanbul, spécialisée dans les nouveaux mouvements sociaux et les mobilisations féminines en Turquie. Titulaire d’un doctorat en sociologie obtenu à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), elle consacre plus de deux décennies à l’étude des mouvements sociaux, des acteurs islamistes, de l’espace public et de la laïcité, avec une approche ancrée dans les études de genre.

En 2016, après avoir signé la « Pétition pour la paix » aux côtés de 1 128 universitaires, elle démissionne de son poste suite à l’ouverture d’un procès politique devant la Cour d’Assise contre les signataires. Elle poursuit alors sa carrière en France, travaillant pour des institutions prestigieuses telles que l’Université de Bordeaux, l’Institut d’Études Avancées de Paris (en tant que chercheuse Eurias) et l’Université Paris Nanterre. Depuis 2018, elle est également membre du comité éditorial des Cahiers du CEDREF, une revue affiliée au laboratoire d’études de genre de l’Université Paris Diderot. Elle a récemment repris son poste de Maîtresse de Conférences à l’Université de Galatasaray, poursuivant ses recherches et son enseignement sur les questions de genre et les dynamiques sociales en Turquie.

 

Calendrier prévisionnel des séances 2024-2025 :

  • Jeudi 17 octobre 2024 : Présentation générale du séminaire et des participantes. Chacun.e présentera pendant 15 minutes comment ses recherches peuvent s’insérer dans ce groupe de travail. Présentation des possibilités d’intégrer de nouveaux membres, de faire des partenariats, de déposer un projet ANRS, ERC, publications ect…..
  • Jeudi 21 novembre 2024 : Séance autour de la présentation du livre de Camille Boutron « Combattantes », ed Pérégrines, 2024.
  • Jeudi 19 décembre 2024 : La question des violences sexuelles en temps de guerre. La politisation de la question des viols dans le conflit israélo-palestinien depuis le 7 Octobre 2023. Elizabeth Marteu et Valérie Pouzol. / Samphoas Huy : Etude sur les violences sexuelles faites aux femmes pendant la période des Khmers rouges et le rôle des ONG qui ont participé au tribunal international.
  • Jeudi  23 janvier 2025 : Luttes féministes et solidaires des femmes turques et kurdes : une histoire invisible ? Buket Turkmen.
  • Jeudi 20  février 2025 : La question de l’agenda Femmes, paix et sécurité. Présentation de Marie SAIGET du numéro de Questions internationales.
  • Jeudi 20 mars 2025 : Mémoires et violences de guerre au Pérou dans la construction de la paix. Tania Romeiro.
  • Jeudi  17 avril 2025 :  Carol Mann. De la théorie à la pratique : réunir recherche académique et projet humanitaire : compromis bancal ou possibilité d’agir plus efficacement ? (le cas de l’Afghanistan)
  • Jeudi  22mai 2025    Karoline Faerber : Producing feminist foreign policy in the eveyday ( German Federal Foreign Office)
  • Jeudi 19  juin 2025 : Conclusions et projets.

Ce séminaire pluridisciplinaire aimerait rassembler et mettre en débat des chercheur.e.s qui travaillent sur la question de la définition et de la construction de la paix en y introduisant des questionnements propres aux études de genre et à une épistémologie féministe. Ce séminaire sera ouvert à des chercheur.e.s du GT , de l’IPP et à des étudiant.e.s de l’Université de Paris 8.


[1] Türkmen, B. (2020). De la Révolte de Gezi à l’opposition discrète en Turquie. Mouvements104(4), 129-138.

[2] Türkmen, B. (2018). The Gezi Revolt and the Solidarist Individualism of «Çapulcu» Women (marauder). Les cahiers du CEDREF. Centre d’enseignement, d’études et de recherches pour les études féministes, (22), 109-127.

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