Genrer la construction de la paix : l’apport des épistémologies féministes

Le groupe de travail « Genre et paix » lancera, en octobre 2024, un séminaire de recherche virtuel, afin de recenser et de mettre en valeur les recherches pluridisciplinaires qui font dialoguer l’apport des recherches féministes avec le champ des Peace Studies.  Si la recherche internationale, avance à grand pas sur ces questions, en France elle reste peu développée et peu enseignée.

L’apport épistémologique des études de genre permet de renouveler singulièrement  le champ des Peace Studies. En travaillant en profondeur à la question de la construction des rapports de domination, des hiérarchies entre les sexes, les études de genre proposent de repenser totalement le concept de paix.  Ce dernier peut ne plus se  définir de manière restrictive comme « absence de guerre ou de violences physiques » mais comme une pratique au long court qui  lutte contre des formes de violences, de stigmatisation, de marginalisation  dans des différents conflits   sociaux et politiques. À quoi bon la paix si la question des violences continuelles contre les femmes, contre certaines minorités n’est pas prise en compte ? À quoi bon la paix, si une justice sociale, économique et environnementale ne se dessine pas à côté d’une paix décrétée politiquement et diplomatiquement ? Les études féministes interrogent le régime d’historicité de la paix en soulignant que les violences contre certain.e .s peuvent se poursuivre sur la longue durée (continuum)  en période de paix « officielle ». De même elles permettent de montrer combien en période de guerres et de conflits, des action ponctuelles de paix peuvent s’exercer (solidarité, care).

La paix n’est pas un concept flottant et abstrait mais une pratique à atteindre dans la quotidienneté. On ne « décrète » pas la paix par un traité mais on la construit sur la durée, en prenant en compte  la complexité sociale, la multiplicité des acteurs et des actrices qui doivent vivre en paix. Il faut pour cela  analyser comment  les structures politiques, économiques et sociales se sont construites sur le long et moyen terme afin d’éliminer les dominations, tensions et violences structurelles. La notion de continuum des violences de genre entre périodes de guerre et de paix retiendra toutes notre attention ainsi que la question de l’utilisation des violences sexuelles en période de conflit ouvert. Un bilan sera dressé, à partir plusieurs cas d’études, du rôle du genre dans les mouvements pour la paix sur le terrain (grassroots initiatives) ainsi que sur les pratiques genrées de paix au niveau international (résolution 1325 de l’ONU, pratiques d’une diplomatie féministe par certains états). Ces recherches utilisent donc à plein les différentes ressources du concept de genre en s’intéressant aux constructions sociales et politiques genrées qui génèrent du conflit ainsi qu’à la notion d’agency des hommes et des femmes et posent de manière plus large la question de l’inclusion des minorités sexuelles dans une praxis de la paix.

Calendrier prévisionnel des séances 2024-2025 :

Merci de retenir que les séances auront lieu en ligne les troisièmes jeudis de chaque mois de 17 heures-19 heures. Un lien Zoom et une invitation seront envoyées.

  • Jeudi 17 octobre 2024 : Présentation générale du séminaire et des participantes. Chacun.e présentera pendant 15 minutes comment ses recherches peuvent s’insérer dans ce groupe de travail. Présentation des possibilités d’intégrer de nouveaux membres, de faire des partenariats, de déposer un projet ANRS, ERC, publications ect…..
  • Jeudi 21 novembre 2024 : Séance autour de la présentation du livre de Camille Boutron « Combattantes », ed Pérégrines, 2024.
  • Jeudi 19 décembre 2024 : La question des violences sexuelles en temps de guerre. La politisation de la question des viols dans le conflit israélo-palestinien depuis le 7 Octobre 2023. Elizabeth Marteu et Valérie Pouzol. / Samphoas Huy : Etude sur les violences sexuelles faites aux femmes pendant la période des Khmers rouges et le rôle des ONG qui ont participé au tribunal international.
  • Jeudi  23 janvier 2025 : Luttes féministes et solidaires des femmes turques et kurdes : une histoire invisible ? Buket Turkmen.
  • Jeudi 20  février 2025 : La question de l’agenda Femmes, paix et sécurité. Présentation de Marie SAIGET du numéro de Questions internationales.
  • Jeudi 20 mars 2025 : Mémoires et violences de guerre au Pérou dans la construction de la paix. Tania Romero Barrios.
  • Jeudi  17 avril 2025 :  Carol Mann. De la théorie à la pratique : réunir recherche académique et projet humanitaire : compromis bancal ou possibilité d’agir plus efficacement ? (le cas de l’Afghanistan)
  • Jeudi  22mai 2025    Karoline Faerber : Producing feminist foreign policy in the eveyday ( German Federal Foreign Office)
  • Jeudi 19  juin 2025 : Conclusions et projets.

Ce séminaire pluridisciplinaire aimerait rassembler et mettre en débat des chercheur.e.s qui travaillent sur la question de la définition et de la construction de la paix en y introduisant des questionnements propres aux études de genre et à une épistémologie féministe. Ce séminaire sera ouvert à des chercheur.e.s du GT , de l’IPP et à des étudiant.e.s de l’Université de Paris 8.

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